Pas drôle, ce poisson d’avril…
Le petit monde de la chanson des cabarets de proximité* est bien triste en ce premier avril 2024. Il vient de perdre l’un de ses plus emblématiques représentants en la personne de Christian Stalla.
Christian Stalla, l’auteur-compositeur interprète, l’écrivain, le directeur de collection de livres, l’artiste peintre, le découvreur de talents, l’homme mémoire de la chanson…
Christian, mon ami, qui aurait tellement aimé pouvoir assister à la naissance du 100ème opus de sa fabuleuse collection « Cabaret »… avant que la Camarde ne contrarie ses plans. On ne mesure pas toujours suffisamment l’importance de cette collection de témoignages autour de la chanson d’expression française et des cabarets, collection unique qui supplée brillamment la carence notoire des études universitaires en la matière.
Je ne connais Christian que depuis une dizaine d’années, mais ça a tout de suite fonctionné à merveille entre nous. D’autres seraient mieux placés que moi pour parler de l’ensemble de sa longue vie artistique de chansonnier des temps modernes, mais — allez savoir pourquoi ? — ils deviennent de plus plus rares…
Mais il m’a raconté… Raconté ses passages dans cabarets rive gauche ou montmartrois, sa direction de certains d’entre-eux, ses rencontres avec quasiment tout le gratin des artistes — devenus célèbres, ou pas — qui ont contribué à porter à son apogée la chanson de nos grands auteurs-compositeurs-interprètes dans la seconde moitié du siècle dernier. Raconté aussi ses tournées épiques dans nombre de maisons de la culture et autres lieux associatifs de France, de Navarre, du Maghreb et d’ailleurs.
Premier avril 2024. Une semaine après sa disparition, les journaux ne disent toujours rien de Christian. Wikipédia ne le connaît pas. Mais fort heureusement, les échanges entre amis et les réseaux sociaux de la petite galaxie du monde de la chanson de cabaret ont fonctionné ! De très belles choses ont été écrites sur lui ! Alors j’ai eu envie d’en faire la récollection et de les présenter ici, dans cette page du site de Marcel Legay. On y retrouve bien souvent les mêmes qualificatifs pour définir notre ami Christian : gentillesse, délicatesse, humilité, élégance, sagesse, sens de l’humour et de la fantaisie, créativité, finesse d’esprit, générosité, ouverture aux autres,… J’arrête là !
Et parmi ces témoignages pleins de chaleur humaine et d’amour je retiens plus particulièrement cette « petite étincelle qui brillait dans ton regard lumineux » et ce « j’entends encore le sourire de sa voix ».
Au revoir Christian et salue pour nous les amis de L’Acte Chanson qui ont participé à la saga sur le Tonton Marcel et qui t’ont précédé de quelques années, à savoir Claude (Avenante), Patrick (Hannais) et Jacques (Palliès).
* La chanson de proximité – Caveaux, cabarets et autres petits lieux, Michel Trihoreau, Collection Cabaret, L’Harmattan, 2010 et La chanson de proximité (suite), Michel Trihoreau, Collection Cabaret, L’Harmattan, 2020
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Les hommages à la mémoire de Christian
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Mylène Launay
FaceBook Mylène Launay, 26 mars, 17:17
Quelle chance, quel honneur d’avoir croisé ta route, cher Christian Stalla !
Toi, le créateur de la merveilleuse Collection Cabaret, qui m’a fait découvrir un univers extraordinaire,
Toi, le chanteur plein d’humour et de délicatesse, qui a fait le tour du monde avec sa guitare, a côtoyé les plus grands artistes avec la plus grande humilité
Toi, le rassembleur, le passeur de talents, celui qui a cru le premier au projet Cabaret Connexion et s’est réjoui du rapprochement avec nos amis américains
Toi le peintre des cabarets, qui faisait voler tous les tabous en restant toujours élégant,
Toi, l’homme d’esprit plein de finesse, à la fois sage et espiègle, toujours ouvert aux autres,
Toi que j’appelais pour entendre ta voix s’émerveiller sur mes anecdotes les plus simples, et me raconter tes souvenirs extraordinaires avec la plus grande humilité…
Toi, Christian Stalla, un grand homme, de ceux qui sont rares.
Tu nous quittes en laissant beaucoup de personnes bien tristes, mais tellement reconnaissantes de t’avoir connu. Aurevoir Christian 🎵🎶💜
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Maryline Rollet
Facebook Marilyne Rollet, 27 mars, 16:54
Mon cher Christian,
Toi l’éternel jeune homme,
toi qui t’étonnais d’avoir tourné pendant 40 ans avec tes 4 accords de guitare,
toi dont le nom a côtoyé humblement celui des plus grandes vedettes sur les affiches,
toi qui aimais profondément le monde du cabaret,
tu es parti chanter avec les étoiles et peindre peut-être un nouveau cirque avec toute la fantaisie dont tu savais faire preuve. Je suis si heureuse que la vie t’es mis sur ma route. Je suis heureuse d’avoir partagé tous ces moments avec toi. Tu laisses un vide incommensurable mais je garde précieusement en moi cette petite étincelle qui brillait en permanence dans ton regard. Christian Stalla, tu es un grand monsieur.
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Odile Steffan Guillaume
Facebook Odile Steffan Guillaume, 26 mars, 20:47
J’ai écrit ce texte à l’occasion d’un atelier de « La voix du poème », insufflé par mes derniers échanges avec Christian Stalla et les nouvelles que m’en donnait Jean-Pierre Courdier… Il s’est éteint hier, le 25 mars. Je garde au fond du cœur, une profonde reconnaissance d’avoir pu rencontrer cet homme lumineux qui savait manier la dérision sur tout ce qui le blessait, talentueux et humble, généreux et élégant… Il n’était qu’amour…
Tristement insufflé par un ami qui s’éteint…
Je glisse sans bruit vers la mer étale
Ni vagues ni remous, la quête est finie
Le vide m’aspire, lèche mon âme
J’entends le silence qui jauge le temps…
J’ai fait ce que j’ai pu ; je perds déjà ma trace
Subsiste une lueur de ciel sur mes paupières
Quand la proche béance floute ton visage
Je m’accroche aux ailes diaphanes
De quelques passereaux invisibles
Qui vous lèguent
Les sources et les fièvres
Les saisons en désordre
La lente éclosion des graines
J’accoste une terre inconnue
Où mon souffle s’égarera : vent, pluie, akène…
Il n’y a plus que moi pour affronter la nuit
Les algues noires et les phalènes
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Jean Humenry
Site « nosenchanteurs.eu », Ajouté par Michel Kemper le 27 mars 2024
Me voici au bord d’une falaise
Au bord d’un vide immense
En haut le ciel et ce vent froid qui m’enveloppe
En bas l’océan et les roches qui le bordent
Au fond de moi les braises d’un feu à s’éteindre.
Au fond de ma mémoire, la première fois que j’ai vu Christian et son sourire accueillant.
La Contrescarpe m’a fait un clin d’œil. Guidé par Bernard Haillant, j’en tombais immédiatement amoureux même si je la trompais chaque soir avec la Butte Montmartre, pour aller la retrouver passionnément après minuit.
J’allais vivre enfin cette vie de Bohême qui me faisait rêver et dont le nid chaleureux se trouvait rue Mouffetard.
Christian s’activait avec sa compagne Karine dans son Cabaret d’Art et d’Essai.
L’hiver était sur Paris et la neige aussi, le Rémois Daniel Laloux traînait sa joyeuse folie, membre pour un temps du groupe Gong, le chanteur Germinal croisait les Enfants Terribles ; les américains avaient débarqué chez Arlette Reinerg avec leurs guitares 12 cordes. Graeme Allwright, qui m’avait auparavant conduit vers Woody Guthrie, avait laissé des traces.
J’étais au cœur de la création et Christian allait vite devenir avec ses dix ans d’avance sur moi mon guide et mon ami.
Nous avons beaucoup partagé et il m’a beaucoup apporté.
Son élégance et son humour, sa créativité et sa générosité étaient une bombe d’énergie.
J’ai voyagé à l’arrière de sa “deuche” à côté de sa guitare et parfois de Karine pour le suivre dans le Nord ou le Vercors.
En 1982 il me confia la réalisation et la direction de son album 33 tours dont je confiais les arrangements à mon fidèle compagnons guitariste Jack Ada.
Y figuraient les titres : Les Vacances en octobre, Le Club de vacances, La Belle et son caddie, Le Satyre du bois de Boulogne (dont il me confia le rôle), Le Temps qu’il me reste pour chanter, C’est une chanson, Je suis passé à la radio, Blanche-Neige et les sept nains (il me confia le rôle des nains), La Femme à la moto et 1936.
Humoriste sérieux et engagé, il m’avait régalé.
Par la suite, nous allions souvent correspondre par lettres, longues conversations téléphoniques. Il m’ouvrit la porte de L’Harmattan, me confiant à Anne Audigier puis m’invitant à publier dans sa « collection Cabaret ».
Christian ! j’entends encore le sourire de ta voix, ton trente-trois tours est devant moi et je vais remettre en route une platine pour le numériser et le partager.
Garde-toi là où tu es s’il se trouve un Au-Delà, ce que j’espère.
Et là… Brassens dont tu habitais la maison à Sète est en joyeuse conversation avec toi.
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Frantz Wouilloz-Boutrois
site Facebook Chansons et Toiles (extraits), mardi 26 mars 2024 10:09
Départ vers d’autres cieux de notre ami Christian Stalla.
Le monde du spectacle, celui des cabarets en particulier, perd aujourd’hui l’un de ses plus fidèles serviteurs. Il devient, ce jour, une étoile brillante au firmament des « faiseurs de rêve ».
Le monde de l’édition, et plus particulièrement sa seconde maison l’Harmattan, perd un auteur de talent, créateur d’une collection qui selon son souhait le plus cher, transmet aux générations futures l’histoire avec un grand « H » des lieux de spectacles et de leurs artistes qui l’a tant aimé.
Quant à moi, je perds un grand frère avec lequel depuis plusieurs années je partage la même vision de notre métier de saltimbanque, poursuivant des rêves identiques.
Le spectacle et la vie continuent.
Ne soyons pas tristes mes ami(e)s, Christian ne l’aurait certainement pas souhaité, lui qui se disait appartenir qu’à un seul parti politique, celui… d’en rire !
Bien cordialement et tout en pensée avec mon grand frère je vous adresse à toutes et tous, mes amitiés.